Le viaduc de Garabit

Le viaduc de Garabit est un ouvrage d’art de la ligne de Béziers à Neussargues, permettant le franchissement des gorges de la Truyère, affluent du Lot. Il est situé sur la commune de Ruynes en Margeride dans le Cantal. Dans les années 1870, l’extension de la ligne de chemin de fer s’envisage vers le Sud, afin de relier Paris à Béziers. Il aura fallu l’ingéniosité des ingénieurs Léon Boyer et Gustave Eiffel pour imaginer et réaliser le viaduc de Garabit réunissant les deux rives de la rivière.

  • 564 mètres de long
  • Longueur du tablier métallique : 448, 30 mètres
  • Hauteur 122, 20 mètres
  • Quantité de fer forgé : 3.169 tonnes
  • Quantité d’acier : 41 tonnes
  • Quantité de fonte : 23 tonnes
  • Nombre de rivets posés : 678.768
  • Durée de la construction : 4 ans (1880-1884)

 

L’Auvergne. Viaduc de Garabit. / CHAMPSEIX E. — Compagnie des Chemins de fer du Midi , 1930. SARDO – CNAH (Centre national des archives du Mans)

Les particularités du Viaduc

L’ingénieur des Ponts et Chaussées Léon Boyer se vit confier l’étude de l’établissement d’une ligne de chemin de fer reliant les gares de Marvejols et Béziers par Neussargues à travers la région montagneuse du Massif Central. Il faut alors faire franchir à cette ligne un obstacle de taille : la rivière de la Truyère.

C’est la grande époque de la construction métallique. Celle-ci offre résistance accrue et légèreté. Léon Boyer impose donc son idée : franchir la vallée de la  Truyère aussi haut que possible, par un viaduc métallique. Auparavant, il prit soin de contacter la société Gustave Eiffel pour savoir s’il était envisageable d’utiliser un arc. Il lui confia alors la construction et la réalisation.

Le Viaduc de Garabit repose sur cinq piles dont la plus haute fait 89,64 mètres. L’arche centrale est un arc parabolique d’une flèche de 56,86 mètres et de 165 mètres de corde. Ces dimensions considérables font de cet ouvrage le plus important qui avait été construit en France jusqu’alors (3.254 tonnes).

L’ennemi étant la rouille, il faut protéger ces structures métalliques par l’application de couches de peinture rendant imperméable le métal à l’humidité. La couleur choisie, à dominante rouge mat, tranche avec le gris habituel et apporte une touche originale.

Inauguré en 1888 sur la ligne Béziers – Neussargues par la Compagnie du Midi, il est le témoin d’une époque : celle de l’apogée du chemin de fer en France. Admiré à l’époque et aujourd’hui encore, il constitue l’un d’un plus beaux monuments d’ouvrages d’ingénierie moderne, et le deuxième plus haut viaduc du monde derrière le viaduc de Millau. Inscrit en 1965, il faudra patienter jusqu’en 2017 pour qu’il soit classé Monument historique.

Le viaduc de Garabit, franchissant La Truyère .SARDO-MEDIATHEQUE  JEAN-JACQUES D’ANGELO, 1995-07-01

Train Corail dénommé « Aubrac » franchissant le viaduc de Garabit. SARDO-MEDIATHEQUE – MICHEL HENRI, 1982-04-01 

Autorail X73500 TER Auvergne franchissant le Viaduc de Garabit. SARDO-MEDIATHEQUE – MICHEL HENRI, 2002-09-01

Gustave Eiffel (1832-1923)

Alexandre Gustave Bonickhausen Eiffel, dit Gustave Eiffel, né le 15 décembre 1832 à Dijon, est un ingénieur et industriel français.

De 1843 à 1850, il fait ses études au Collège Royal de Dijon. En 1850, il quitte Dijon pour entrer au collège Sainte-Barbe de Paris en vue de la préparation du concours d’entrée à l’École Polytechnique. Mais il échoue à l’oral et choisit d’entrer à l’École centrale des arts et manufactures de Paris dont il sort diplômé en 1855. Sa spécialité est alors la chimie, mais il s’oriente ensuite vers la métallurgie. Après avoir été employé pendant quelques mois aux Forges de Châtillon-sur-Seine où son beau-frère est directeur, Eiffel fait la rencontre, en 1856, de Charles Nepveu, ingénieur constructeur de matériel de chemin de fer. Ce dernier est également un entrepreneur parisien spécialisé dans la construction métallique, pionnier de l’utilisation d’air comprimé dans les forages, par ailleurs proche des frères Pereire.

La rencontre, en 1856, de Charles Nepveu, entrepreneur spécialisé dans la construction métallique est décisive pour Eiffel. Plusieurs projets du jeune ingénieur Eiffel sont retenus dans des appels d’offre de construction de ponts. Lorsque la société de Nepveu est absorbée par la Compagnie générale des Chemins de fer, il met en avant son protégé dont il connaît la rigueur et le sens du défi.

A vingt-six ans, fort de ses premières expériences réussies, Eiffel décide de fonder sa propre société. En 1866, il fait l’acquisition des Ateliers Pauwels de constructions métalliques, situés à Levallois-Perret. L’entreprise reçoit alors plusieurs grandes commandes d’édification de viaducs et de bâtiments à structure ou charpentes métalliques, qui vont asseoir sa réputation en France mais surtout dans le monde.

Le jeune entrepreneur surclasse la concurrence par la rigueur extrême de ses projets, conçus tous pièce par pièce dans ses ateliers pour être ensuite simplement assemblés sur les chantiers, et par les innovations techniques qu’il développe et perfectionne qui rendent également ses ouvrages plus rapides à construire et plus économiques.

Léon Boyer (1851-1886)

Léon Boyer est un polytechnicien et ingénieur des Ponts et chaussées. Né à Florac en 1851.

Il fit ses études au Lycée de Lyon, et fut reçu dans un des premiers rangs à l’Ecole polytechnique dont il devint l’un des plus brillants élèves. Sorti de l’école des Ponts et chaussées, il ne tarda pas à être nommé ingénieur à Marvejols, dans son département de la Lozère. Chargé de l’étude de la ligne du chemin de fer de Marvejols à Neussargues, il surmonta avec un rare talent les difficultés tout à fait exceptionnelles que présentait le tracé, et il exécuta un grand nombre de travaux d’art remarquables. Le viaduc de Garabit, dont il est l’auteur, attira sur lui l’attention du monde industriel. Cette œuvre monumentale, dont l’exécution a été confiée à Gustave Eiffel, constitue l’une des plus belles et les plus importantes constructions métalliques. Après l’achèvement du chemin de fer de Marvejols à Neussargues, Léon Boyer se fixa à Paris, et il fut bientôt attaché à la direction des Chemins de fer au Ministère des travaux publics.