La préparation du Débarquement
Au printemps 1944, les Alliés intensifient les préparatifs en vue des futurs débarquements en Europe occidentale. Pour maximiser les chances de succès de l’opération, le recours à l’aviation est jugé essentiel : il s’agit de ralentir l’arrivée des renforts allemands en désorganisant leurs lignes de communication, principalement par des bombardements ciblés sur les ponts, les gares et les centres urbains stratégiques.
Sir Arthur W. Tedder, commandant suprême adjoint auprès du général Eisenhower, reçoit la mission de coordonner l’ensemble des forces aériennes alliées stationnées en Europe. Son objectif : établir un vaste plan de bombardements destiné à semer la confusion dans les rangs allemands quant au lieu et à la date du Débarquement.
L’offensive aérienne contre le réseau ferroviaire débute le 6 mars 1944 avec un raid massif sur les installations de Trappes, suivi de nouvelles frappes les 6-7 et 13-14 mars sur la ville du Mans. À partir du 18 avril, des vagues de bombardiers traversent quotidiennement la Manche. La région Nord de la France est particulièrement touchée. En Normandie, seul le triage ferroviaire de Sotteville-lès-Rouen est gravement endommagé : dans la nuit du 18 au 19 avril, 1 538 tonnes de bombes y sont larguées, un triste record.
À une dizaine de jours du Débarquement en Normandie, les 25, 26 et 27 mai 1944, une série de bombardements vise les villes du Sud-Est et du Centre-Est de la France. Carnoules est frappée le 25 mai ; le lendemain, Chambéry, Grenoble, Lyon, Nice, Saint-Étienne et Saint-Laurent-du-Var subissent à leur tour des attaques ; le 27 mai, c’est au tour d’Avignon, Forcalquier, Nîmes, Marseille et Montpellier. Les objectifs sont clairement militaires : il s’agit soit de neutraliser les infrastructures ferroviaires pour empêcher l’acheminement des troupes et du matériel allemands vers l’Ouest, soit de détruire les ports et les aérodromes susceptibles d’être utilisés par l’ennemi.