Commémorations et prémices d’un lieu de souvenir en forêt de Compiègne
En 1920, la France s’apprête à célébrer deux événements majeurs : le deuxième anniversaire de l’Armistice et le cinquantenaire de la Troisième République, avec des festivités organisées notamment au Panthéon. À cette occasion, il est décidé d’exposer le wagon aux Invalides, à Paris. Le transfert du wagon s’effectue par remorque routière pour son entrée dans la cour d’honneur des Invalides. Cependant, le passage sous le porche nord, encadré par les statues de Mars et Minerve, s’avère difficile : la hauteur du wagon sur la remorque ne permet pas de franchir le portail. Des ajustements sont alors nécessaires, et l’on procède à des entailles dans les pierres du portail pour permettre son passage.
Installée dans l’angle nord-est de la cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides, la voiture y reste exposée à ciel ouvert du 28 avril 1921 au 8 avril 1927, sans protection. Le wagon subit les intempéries et commence à se détériorer, sans que des mesures d’entretien ne soient mises en place. La Compagnie Internationale des Wagons-Lits, propriétaire du wagon, s’inquiète de l’image dégradée de ce symbole et entame une correspondance avec la direction des musées des Invalides. Cet échange, qui porte principalement sur les besoins de financement pour la restauration du wagon, reste sans solution, et la voiture continue de se détériorer. Dès 1924, le général Mariaux, directeur du musée de l’Armée, alerte le ministère de la Guerre sur l’état préoccupant du wagon et propose son transfert vers un abri à Rethondes ou au château de Vincennes. En 1925, la presse se saisit du sujet, dénonçant l’état du wagon, devenu un triste symbole en déclin. De son côté, Robert Fournier-Sarlovèze, député-maire de Compiègne, dont la clairière de Rethondes fait partie de la commune, envisage la création d’un musée pour mettre en valeur ce lieu historique. Il fait défricher le site et propose des plans de bâtiments pour abriter le wagon, multipliant les démarches afin d’obtenir le retour du wagon à Compiègne. En 1927, l’américain Arthur Henry Fleming, en visite à Compiègne, rencontre le maire, qui lui présente son projet encore inabouti. Fleming, touché par cette initiative, accepte son financement, permettant enfin de restaurer le wagon et de le préparer pour son retour à Compiègne.