La musique et les chemins de fer

Découvrez l’œuvre la plus célèbre d’Arthur Honegger (créée en 1923), Pacific 231, premier de trois mouvements symphoniques. L’œuvre est dédiée à la locomotive à vapeur éponyme. Les deux autres mouvements du triptyque s’intitulent Rugby et Mouvement symphonique no3.

En 1922, Honegger est chargé de la musique pour le film La Roue (1923, durée 6h53), du réalisateur très novateur en son temps, Abel Gance.

La Roue raconte comment le mécanicien Sisyphe, épris de sa fille adoptive Norma, veut se tuer en même temps que celle-ci, lorsqu’elle envisage de le quitter pour se marier, en poussant à toute vitesse sa locomotive. Les images d’une locomotive qui démarre et accélère jusqu’à sa plus grande vitesse exercent une influence sur ce mouvement symphonique.

Le rythme régulier et accentué déjà utilisé dans l’Ouverture pour La Roue est plus développé dans Pacific 231

« Ce que j’ai cherché dans Pacific, ce n’est pas l’imitation des bruits de la locomotive, mais la traduction d’une impression visuelle et d’une jouissance physique par une construction musicale. Elle part de la contemplation objective : la tranquille respiration de la machine au repos, l’effort du démarrage, puis l’accroissement progressif de la vitesse, pour aboutir à l’état lyrique, au pathétique du train de 300 tonnes lancé en pleine nuit à 120 à l’heure ». (Arthur Honegger, Pacific (231), Dissonances, n°4 (avril 1924), p. 80).

Pathé

Biographie d’Arthur Honegger

Né au Havre le 10 mars 1892, mort à Paris le 27 novembre 1955.

De Suisse, la famille est installée au Havre où le père est négociant en café. Sa mère Julie Ulrich joue du piano en amateur. Il étudie le violon chez un professeur du nom de Santreuil.

En 1909 il est inscrit au conservatoire de Zurich et en 1911 au conservatoire de Paris. Il suit les cours de Lucien Capet pour le violon et la classe de contrepoint d’André Gédalge où il rencontre Darius Milhaud et Jacques Ibert.

En 1913, la famille Honegger retourne en Suisse. En 1915, il est mobilisé quelques mois en Suisse. Il entre dans la classe de composition de Widor, étudie avec Vincent d’Indy la direction d’orchestre.

1918, quand il quitte le conservatoire avec pour toute récompense un second accessit de contrepoint, il a quelques compositions à son catalogue : des mélodies, sons Premier quatuor, un poème symphonique, Le Chant de Nigamon. Il s’est lié avec Apollinaire, Max Jacob, Blaise Cendrars, Pablo Picasso, Erik Satie, Jane Bathori.

Très attaché au renouveau du répertoire, il est influencé par Igor Stravinsky, sur lequel il écrit un essai en 1939. Compositeur prolifique et désireux d’illustrer la transformation de la société, notamment par la technique ou le sport, Honegger écrit pour le théâtre, la radio et le cinéma aussi bien que pour la salle de concert : ballets, chansons, concertos, musique de chambre, musiques de films, opéras, oratorios, symphonies.

En 1921, il connaît le succès avec le Roi David, pièce de René Morax, qu’il transforme en oratorio en 1924. Son œuvre la plus célèbre, créée en 1923, est Pacific 231, premier de trois mouvements symphoniques et dédiée à la locomotive à vapeur éponyme. Les deux autres mouvements du triptyque s’intitulent Rugby et Mouvement symphonique no 3.

Sa première symphonie date des années 1929-1930. Plus tard, durant l’Occupation, il compose ses Trois Poèmes (sur un texte de Claudel), ses Trois Psaumes et sa Symphonie n°2 pour orchestre à cordes et trompette ad libitum. Composée en 1941, ses mouvements évoquent la mort, le deuil, puis la libération. En parallèle il enseigne la composition à l’École normale de musique de Paris où il aura parmi ses élèves Yves Ramette, futur auteur de six symphonies.

Sa Symphonie n°3, intitulée Liturgique, son oratorio Jeanne d’Arc au bûcher (1938) — d’après un texte de Paul Claudel — et son dramatique Roi David (1921) soulignent la religiosité de ce compositeur protestant.

En 1953, il est nommé membre étranger de l’Académie des beaux-arts et, l’année suivante, il est fait grand officier de la Légion d’honneur. Il est par ailleurs critique musical et professeur à l’École normale de musique de Paris. Il est également l’un des membres du groupe des Six, avec Georges Auric, Louis Durey, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre. Outre les Six, il a fréquenté Paul Claudel, Jean Cocteau, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Pierre Louÿs, Pablo Picasso, Erik Satie, Jean-Louis Barrault et Paul Valéry, dont certains lui ont fourni des sujets pour ses œuvres.

Bibliographie

Harry Halbreich, Arthur Honegger, un musicien dans la cité des hommes, Fayard, 1992 (ISBN 2-213-02837-0)

Harry Halbreich, L’Œuvre d’Arthur Honegger : chronologie, catalogue raisonné, analyses, discographie; Paris, Ed.Honoré Champion, 1994, 940 p.

Jacques Tchamkerten, Arthur Honegger, Genève, Ed. Papillon, 2005