Un record qui s’inscrit dans un contexte historique…
A la fin des années 1940, la France sortait péniblement de la Seconde Guerre mondiale. Avec ses infrastructures en ruines, la priorité était de rebâtir un réseau très durement touché.
Au bénéfice de cette reconstruction, entamée dès la Libération, à l’été 1944, et amplifiée de la fin des années quarante au début des années cinquante, la SNCF se lance dans une phase importante de modernisation de ses infrastructures, de ses modes d’exploitations et de traction. La plus grande partie de son réseau est électrifiée en 25 000 volts, à l’exemple de l’artère Nord-Est et son matériel roulant (wagons et locomotives), et connaît de nombreuses améliorations. A partir de 1950, la ligne Paris-Marseille est entièrement électrifiée, fidèle au 1500 volts continu et le train “Mistral” tracté par des locomotives de grande puissance relie les deux villes à une vitesse moyenne de plus de 100 km/heure.
Mais augmenter la vitesse des trains ne se fait pas en un jour et cela nécessite de mener de nombreuses études sur le matériel et son utilisation, afin d’être totalement certain de la fiabilité des trains. Dans le même temps, au début des années 1950, les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile se sont considérablement développés formant une concurrence de plus en plus vive pour le rail. Ainsi, un voyage entre Paris et Dijon prenait alors plus de temps par le train que par l’autoroute. De fait, la SNCF va faire le pari de la vitesse, pensant que l’avenir allait se jouer avec des transports rapides. Avec ces nouveaux essais de 1954, il s’agit pour la SNCF de connaitre la marge de sécurité existant pour un train circulant normalement à la limite de 140km/h assignée par le service des installations fixes. Dans le même temps, il est nécessaire dans le cadre d’une recherche de productivité et de réduction des prix de revient, d’estimer dans quelle mesure la construction de matériels capables de rouler de plus en plus vite réduit aux vitesses usuelles les dépenses d’entretien de la machine et de la voie. Un objectif est alors fixé en ce début d’année 1954 : faire en sorte que les essais envisagés soient non seulement concluants, mais également à l’origine de nouveaux records du monde de vitesse sur rail.