La salle Érard est une salle de musique située à Paris, 13 rue du Mail, dans le 2ᵉ arrondissement.
Depuis son apparition au début du XIXe siècle, le train a profondément marqué l’imaginaire collectif et a été une source d’inspiration majeure pour les musiciens, engendrant une diversité de réactions. Certains artistes ont accueilli cette innovation avec méfiance et opposition, tandis que d’autres l’ont adoptée comme un motif sonore, synonyme du progrès et de la modernité.
L’univers ferroviaire évoque une pluralité de thèmes, tels que la fuite, l’évasion, la rupture ou la séparation, qui sont omniprésents dans la création musicale et l’imaginaire associé au ferroviaire. Le train, la locomotive, la gare et les rails ont intégré l’univers musical à la fois comme des éléments de décor et de véritables protagonistes. Ils jouent un rôle central dans de nombreuses œuvres, témoignant ainsi de leur importance dans la culture sonore.
Le service archives documentation (SARDO) vous invite à découvrir l’un des premiers exemples dans l’histoire de la musique de l’imitation musicale d’un train en marche : une étude pour piano du compositeur romantique français Charles-Valentin Alkan.
Il s’agit d’une pièce constituée de plus de 500 mesures exécutées à un tempo exceptionnellement rapide. Cette œuvre, outre la virtuosité technique qu’elle nécessite, éclaire également ce qui a fasciné les artistes contemporains de la modernisation des chemins de fer : la vitesse.
Le « Chemin de fer » d’Alkan se distingue principalement en tant qu’œuvre conçue pour tester la virtuosité et la rapidité d’exécution de l’interprète. La partition est marquée par la mention « vivacissimamente », qui signifie « extrêmement, exceptionnellement vif ». Le tempo indiqué, fixé à 112 battements par minute, impose une cadence si intense qu’il devient pratiquement impossible de jouer la pièce en maintenant une distinction claire de chaque note. Certains spécialistes ont suggéré qu’une erreur d’impression aurait pu se glisser dans la version originale, tant l’exigence technique semble démesurée.
Alkan est connu pour sa volonté d’intensifier la difficulté technique du jeu pianistique. Son œuvre se caractérise par de longues séquences d’octaves, des accords rapides, des gammes et des arpèges éclatants, ainsi que par des batteries et des notes répétées, évoquant parfois un mouvement incessant. Son « Chemin de fer », opus 27, en tentant de capturer musicalement la vitesse d’un train en marche, constitue une illustration spectaculaire de ces principes d’écriture musicale.
Mais qui est donc Charles-Valentin Alkan ?
Charles-Valentin Morhange, connu sous le nom d’Alkan, est un pianiste et compositeur français né à Paris le 30 novembre 1813. Enfant prodige, il intègre le Conservatoire de Paris dès l’âge de 6 ans, où il approfondit ses études en harmonie, orgue et piano auprès de professeurs prestigieux tels que Pierre Zimmermann, qui a également formé Georges Bizet, César Franck, Charles Gounod et Ambroise Thomas. En 1824, il obtient le premier prix de piano, suivant cela par le succès aux concours d’harmonie en 1827 (classe de Victor Dourlen) et d’orgue en 1834 (classe de François Benoist). À seulement 17 ans, il s’impose comme un virtuose de renommée internationale, rivalisant avec Franz Liszt et Sigismund Thalberg, et reçoit le surnom de « Berlioz du piano » de la part de Hans von Bülow.
Alkan, d’abord initié au violon sous la tutelle de Paganini, puis formé au piano par Frédéric Chopin et Franz Liszt, occupe une place majeure au sein de l’école romantique française du piano, bien que son rayonnement ait connu un relatif déclin aujourd’hui. À seulement 24 ans, il est reconnu comme le principal pianiste français de son époque. Grâce à son mentor Zimmermann, Alkan fréquente les cercles parisiens les plus influents et se lie avec des personnalités telles que Victor Hugo ou Delacroix. Liszt n’hésite pas à témoigner publiquement de son admiration pour lui. Son premier nocturne lui vaut le surnom de « Berlioz du piano » et il joue un rôle pionnier dans l’introduction de Bach auprès du public parisien. Ses concerts et ses cours privés, partagés notamment avec Chopin, sont particulièrement prisés et affichent des honoraires parmi les plus élevés de l’époque.
L’amitié profonde qui unit Alkan à Chopin est manifestement visible, surtout durant les dernières années de vie de Chopin, alité par la maladie. Delacroix, proche des deux musiciens, note à plusieurs reprises la sollicitude d’Alkan dans son journal. Après la mort de Chopin en 1849, plusieurs de ses élèves poursuivent leur formation auprès d’Alkan.
En 1832, Alkan obtient le second prix de Rome, juste derrière Ambroise Thomas. Six ans plus tard, en 1838, il publie ses Trois Grandes Études opus 76, puis se retire de la vie publique, souhaitant traduire la Bible qu’il ambitionne de mettre intégralement en musique.
Il réapparaît en 1844, reprend les concerts et vise la succession de Joseph Zimmermann au Conservatoire de Paris, poste finalement attribué à Marmontel. À la suite de cet échec, il se retire à nouveau après 1848. Son retour à la scène date de 1855 avec la publication des Douze Études dans les tons mineurs, opus 39.
À partir de 1873, il organise une série de « Petits concerts » dédiée à des compositeurs peu joués ou méconnus, notamment Rameau, Bach, Haydn, Mozart et Beethoven.
Sa mort en 1888 est entourée d’une légende persistante : il aurait été écrasé par une bibliothèque alors qu’il tentait d’en retirer un exemplaire du Talmud. Le rapport officiel fait toutefois état d’un simple accident domestique, sans précision supplémentaire.
Il donne tous les ans Six petits concerts, salle Erard*, où il présente en intermède quelques-unes de ses œuvres, au milieu d’un répertoire très classique.
La salle Érard, située au 13 rue du Mail dans le 2e arrondissement de Paris, est une salle de musique d’une richesse historique notable. Elle fait partie d’un hôtel particulier qui appartenait, dès le XVIIIe siècle, à la famille Érard, célèbre pour ses facteurs de pianos, harpes et clavecins. La première salle, relativement petite, était adaptée à la musique de chambre. Une seconde salle fut construite à la fin des années 1850, puis réaménagée en 1877, offrant des dimensions modestes mais une isolation phonique efficace contre le bruit urbain et une excellente acoustique, ce qui la rend idéale pour la musique de chambre.
Durant le XIXe siècle et le début du XXe siècle, cet espace a été le lieu de premières et de débuts remarqués pour de nombreux compositeurs et interprètes. Parmi eux, on compte : Erik Satie, Claude Debussy, Jacques Ibert, Nellie Melba, Ricardo Viñes, Maurice Ravel, Camille Saint-Saëns, Claude Debussy, Alexandre Scriabine, Joseph Jongen, André Caplet, Charles Valentin Alkan (1837 et 1880), Francis Poulenc, Édouard Risler, Ernest Chausson, César Franck, Arthur Honegger, Olivier Messiaen, Maurice Delage, Francis Planté…
Avant la construction de la Maison de la Radio, la salle Érard servit de studio d’enregistrement pour la Radiodiffusion française, témoignant de sa contribution à l’histoire de la musique et de la radiodiffusion en France.
La salle Érard est une salle de musique située à Paris, 13 rue du Mail, dans le 2ᵉ arrondissement.
Les Ateliers Erard, 23 rue du Mail, Paris
L'immeuble de la famille Erard, 23 rue du Mail, Paris
Charles-Valentin Alkan fait partie d’une fratrie de six enfants, dont tous ont été musiciens.
Les parents : Alkan Morhange (1783-1855), directeur d’une école de musique réputée à Paris, et Julie Abraham Moyse (1785-1868).
4 enfants ont obtenu un 1er prix au Conservatoire (Céleste, Charles-Valentin, Maxime, Napoléon).
Céleste (25/02/1811 – 1891 (ou 1897), chanteuse, 1er prix de solfège à 11 ans, élève du conservatoire de 1819 à 1832, cursus solfège, chant.
Charles-Valentin (30/11/1813 – 29/03/1888), compositeur, pianiste, surnommé « le Berlioz du piano », entrée au conservatoire à 6 ans, 1er prix piano (1824), harmonie (1827), orgue (1834).
Ernest (11/07/1816 – 1876), flûtiste, élève de Jean-Louis Tulouet.
Maxime (28/05/1818 – 01/03/1891), compositeur (œuvres pour piano), 1er prix de solfège (1828), 2e prix de piano (1832).
Napoléon Alexandre (02/02/1826 – 08/1906), compositeur, pédagogue reconnu. Napoléon Alkan a enseigné au Conservatoire de Paris durant près de 50 ans et a reçu la Légion d’honneur en 1895.
Gustave (24/03/1827 – 1882), pianiste, compositeur.
La famille a marqué la vie musicale parisienne du XIXe siècle en formant d’autres grands musiciens (ex : élèves notables de Napoléon Alkan : Bizet, Sarasate, Carvalho…).
Œuvres et distinctions :
Charles-Valentin Alkan : a créé le concept des « Six petits concerts », a composé une œuvre complexe et exigeante, a rivalisé avec Liszt et Thalberg, reconnu par ses pairs (Hans von Bülow).
Maxime et Gustave Alkan : chacun a composé de nombreuses danses, valses, polkas et quadrilles pour piano, la plupart éditées autour de 1845-1863 pour Maxime, et dans les années 1859-1862 pour Gustave.
Céleste Alkan fut amie de Cornélie Falcon, grande cantatrice de l’époque.
Napoléon Alkan : 2e prix du Prix de Rome en 1850 avec sa cantate Emma et Eginhard.
Postérité et descendance :
Marie Marix, fille de Céleste, chanteuse à Paris dans les années 1870.
Albertine Marix, petite-fille, mère de l’artiste Jacques Nam.
30 novembre 1813
est né Charles-Valentin Morhange, plus connu sous le nom d’Alkan.
1819
Alkan entre au Conservatoire de Paris à l’âge de 6 ans, où il suit les cours de piano de Zimmermann. Il donne ses premiers concerts publics à seulement 12 ans.
1824
Au Conservatoire, il remporte le premier prix de piano.
1827
Au Conservatoire, il remporte le premier prix d’harmonie.
1834
Au Conservatoire, il remporte le premier prix d’orgue.
1829 à 1836
Il occupe le poste de répétiteur de solfège au sein de l’établissement.
1832
Il obtient un second prix de Rome derrière Ambroise Thomas.
1838
Il publie les Trois Grandes Études, opus 76, puis se retire temporairement de la scène musicale, nourrissant le projet ambitieux de mettre la Bible en musique.
1844
Il revient et espère succéder à Zimmermann au Conservatoire de Paris, mais le poste lui échappe au profit de Marmontel.
1848
Alkan se retire à nouveau de la vie publique.
1855
Alkan effectue un retour avec la publication des Douze Études dans les tons mineurs, opus 39.
1834-1876
Alkan entretient une correspondance importante avec le musicien espagnol Santiago de Masarnau, composée de 41 lettres qui ne seront révélées qu’en 2009.
29 mars 1888
Il décède le 29 mars 1888, à l’âge de 74 ans, dans un oubli quasi-total. Il est enterré au cimetière Montmartre (3e division), aux côtés de sa sœur Céleste (1812-1897).
La signature de Charles-Valentin Alkan